Le Portique de Danaïdes est la place à portiques qui se trouve devant le temple d’Apollon sur le Palatin.
Le sanctuaire d’Apollon construit par Octave sur le Palatin comprend, outre le temple lui-même, un portique appelé le portique des Danaïdes, une bibliothèque au sud-est et un autel devant le temple qui est peut-être à identifier avec la Roma Quadrata. Le portique des Danaïdes est ainsi nommé car, selon les témoignages d’Ovide et de Properce, il était pourvu de statues des Danaïdes.
Properce, 2,31,1-16 : “Tu me demandes pourquoi je t’arrive en retard ? Le grand César a ouvert le portique d’or de Phébus. Il était si grand à voir, alignant les colonnes puniques entre lesquelles se trouvent en foule les filles du vieux Danaos ! Elle m’a paru plus belle assurément que Phébus lui-même, sa statue de marbre ouvrant la bouche pour chanter, avec sa lyre silencieuse ; et autour de l’autel se tenait le troupeau de Myron, des bœufs, quatre œuvres d’art, statues vivantes. Puis se dressait au milieu le temple de marbre éclatant et plus cher à Phébus que sa patrie d’Ortygie : au sommet, en or, le char du Soleil ; et les portes, chef d’œuvre d’ivoire libyen, l’une déplorant les Gaulois rejetés des hauteurs du Parnasse et l’autre les deuils de la Tantalide. Enfin, entre sa mère et sa sœur, le dieu lui-même, Apollon Pythien, dans un long vêtement, fait résonner ses chants” (trad. S. Viarre).
Ovide, Tristes, 3,1,59-64 ; “Nous poursuivons notre route et mon guide me conduit vers un temple de marbre blanc, au sommet de hautes marches, le temple du dieu à la longue chevelure, là où l’on voit, entre les colonnes de pierre exotique, les statues des Bélides et de leur barbare père, l’épée à la main. Les doctes pensées des anciens et des modernes y sont à la disposition des lecteurs” (trad. J. André).
Une question difficile à trancher est celle de la présence ou de l’absence des statues de Danaïdes au IVe siècle ap. J.-C. L’identification par M.-A. Tomei des Hermès féminins conservés au musée du Palatin avec les Danaïdes mentionnées par Properce et Ovide nous a conduits dans un premier temps à représenter ces statues dans les entrecolonnements. Aujourd’hui nous ne sommes plus convaincus de la validité de ce choix et la restitution sera corrigée.
Les difficultés sont d’ordres différents. La première est purement littéraire : les Danaïdes ne sont plus mentionnées en lien avec le portique après l’incendie de 64. Il est donc possible, même si elles étaient situées à cet endroit à l’origine, que cet élément d’ornementation n’ait pas été repris après la reconstruction domitienne. La deuxième difficulté est d’ordre archéologique : les Hermès féminins ont été retrouvés par P. Rosa, au XIXe siècle, autour du temple d’Apollon (deux dans l’aile orientale du cryptoportique, un au nord du temple), non à l’emplacement du portique entourant la grande cour. Cela conduit M.-A. Tomei à considérer que le “portique des Danaïdes” est en réalité le portique du temple lui-même. Rien ne s’oppose à cette interprétation dans les textes de Properce et d’Ovide. Le mot turba (“foule”) employé par Properce se comprend même mieux ainsi, car nos cinquante Danaïdes paraissent un peu “perdues” dans le grand portique… La troisième est architectonique. Les Hermès du Musée du Palatin , semblent être des “caryatydes” : ils supportaient vraisemblablement un entablement de faible poids, en complément de colonnes, compte tenu de leur relative fragilité. L’hypothèse de R. Mar et de P. Pensabene, les situant au deuxième niveau du péristyle de la Maison d’Auguste (avant sa destruction), nous paraît séduisante La hauteur des statues convient mieux à ce positionnement.