La maquette de P. Bigot fut encensée par des historiens de renom, tels André Piganiol ou Jérôme Carcopino, lorsqu’une copie en fut livrée au Musée du Cinquantenaire de Bruxelles en 1936 :
Rythme. Publication de la Société Centrale d’Architecture de Belgique, 9, 1, 1951 ; p. 22, J. Carcopino : « Paul Bigot, insensible aux profits matériels qu’il n’a jamais ni recherchés, ni obtenus, et même aux honneurs, qui lui sont venus d’eux-mêmes, a été heureux, pleinement heureux, de ce bonheur que traduisait son fin sourire et dont ne jouissent que ceux dont l’âge mûr a réalisé les aspirations de la jeunesse, ceux aussi qui bien trop orgueilleux pour avoir de la vanité, savent ce qu’ils valent et ont foi dans l’indestructible destin de leur ouvrage »
Rythme. Publication de la Société Centrale d’Architecture de Belgique, 9, 1, 1951 ; p. 23, A. Piganiol : « il ne nous suffit pas de revendiquer pour Bigot la science et l’intuition d’un archéologue très compétent… [son œuvre] n’est pas seulement une reconstitution d’antiquaire, mais la réalisation d’un rêve d’artiste ».
Chaque module pouvait ensuite selon les besoins être constitué de différentes parties, de manière à faciliter les moulages et les mises à jour.
Bien plus qu’une simple œuvre d’art, la maquette de Paul Bigot est un véritable objet de recherche scientifique et elle intègre avec une incroyable précision l’ensemble des connaissances de l’époque sur la topographie de la Rome antique. Paul Bigot travaillait naturellement sur l’ensemble des sources anciennes (sources textuelles, iconographiques et archéologiques) et son œil d’architecte archéologue permettait de synthétiser l’ensemble, dont on mesure toujours aujourd’hui la complexité. Une des meilleures preuves de la précision de ce travail est la confrontation de la maquette de Bigot avec une scène satellite de la ville moderne où les principaux bâtiments de la Rome antique se repèrent très bien. Tant sur le calage des bâtiments que sur le tracé viaire, l’architecte a réalisé un remarquable travail alliant les considérations scientifiques au regard esthétique de l’œuvre.
Lors du travail de restauration de la maquette qui a été réalisé en 1995, les corrections effectuées sur les modules au fil des années sont apparues bien visibles. on estime qu’environ 29 modules ont ainsi vu leur forme évoluer, certainement au regard des progrès permanents effectués sur la connaissance de la ville éternelle.
Léguée à l’Université de Caen, classée monument historique, la maquette de Rome fut au départ entreposée dans les sous-sols du bâtiment “Droit”, où elle connut une première mise en valeur.
Suite à la création de la Maison de la Recherche en Sciences Humaines de l’Université de Caen-Normandie, en 1995, la maquette y fut déplacée (après restauration), mise en valeur et elle devint en quelque sorte un symbole. Grâce au travail de restitution virtuelle, elle franchit désormais les murs pour être accessible au monde entier.