Devant le temple d’Apollon Palatin, se trouve peut-être une allusion aux origines de Rome, avec un autel représentant de façon symbolique la Roma quadrata, la Rome primitive dont Romulus avait défini le tracé sacré.
Parmi les sources textuelles ou épigraphiques relativement nombreuses qui concernent le temple d’Apollon Palatin , nous pouvons citer le témoignage de Properce (Prop. 2.31.1-16), qui écrit au moment de la fondation du sanctuaire par Octave.
Quaeris, cur ueniam tibi tardior ? Aurea Phoebi
porticus a magno Caesare aperta fuit.
Tanta erat in speciem Poenis digesta columnis,
inter quas Danai femina turba senis.
+ Hic equidem Phoebo + uisus mihi pulchrior ipso
marmoreus tacita carmen hiare lyra ;
atque aram circum steterant armenta Myronis,
quattuor artifices, uiuida signa, boues.
Tum medium claro surgebat marmore templum
et patria Phoebo carius Ortygia
in quo Solis erat supra fastigia currus
et ualuae, Libyci nobile dentis opus ;
altera deiectos Parnasi uertice Gallos,
altera maerebat funera Tantalidos.
Deinde inter matrem deus ipse interque sororem
Pythius in longa carmina ueste sonat.
“Tu me demandes pourquoi je t’arrive en retard ? Le grand César a ouvert le portique d’or de Phébus. Il était si grand à voir, alignant les colonnes puniques entre lesquelles se trouvent en foule les filles du vieux Danaos ! Elle m’a paru plus belle assurément que Phébus lui-même, sa statue de marbre ouvrant la bouche pour chanter, avec sa lyre silencieuse ; et autour de l’autel se tenait le troupeau de Myron, des bœufs, quatre œuvres d’art, statues vivantes. Puis se dressait au milieu le temple de marbre éclatant et plus cher à Phébus que sa patrie d’Ortygie : au sommet, en or, le char du Soleil ; et les portes, chef d’œuvre d’ivoire libyen, l’une déplorant les Gaulois rejetés des hauteurs du Parnasse et l’autre les deuils de la Tantalide. Enfin, entre sa mère et sa sœur, le dieu lui-même, Apollon Pythien, dans un long vêtement, fait résonner ses chants” (trad. S. Viarre).
Ce texte nous donne les principaux volumes : un portique avec des statues de Danaïdes, un autel avec des bœufs sculptés par Myron, un temple surmonté du char du soleil, et les principales textures : un portique doré, des colonnes puniques (i.e. en giallo antico), un temple en marbre éclatant, des portes en ivoire. L’autel dont il est question peut être identifié avec la Roma quadrata dont parle Festus (310, 312 L) :
Quadrata Roma <locus> in Palatio ante templum Apollinis dicitur, ubi reposita sunt, quae solent boni ominis gratia in urbe
condenda adhiberi, quia saxo m<u>nitus est in speciem quadratam.
“On appelle Roma quadrata un endroit sur le Palatin , devant le temple d’Apollon, là où ont été déposés ce qu’on a l’habitude
d’employer dans la fondation d’une ville à titre d’heureux présage, parce qu’on y a installé au début un ouvrage de maçonnerie
de forme carrée”.
Le témoignage de Festus est important, car Verrius Flaccus, qu’il abrège, a habité la maison de Lutatius Catulus ensuite rachetée par Octave, juste à côté de l’emplacement du futur temple, mais la Roma quadrata est aussi mentionnée par bien d’autres sources (D.H., Ant. Rom., 1.88 ; 2.65 ; P. Oxy. 2088 ; Plu., Rom., 9.4 ; App. fg. 1a, 9 (Vier-Ross, 1962, p. 17) ; CIL, VI, 4, 2) et elle est peut-être à identifier avec l’auguratorium dont parlent les Régionnaires.