Le dieu médecin a été importé à Rome suite à une épidémie et le premier temple fut inauguré en 431 av. J.-C.
Il y avait dans l’Antiquité deux temples à proximité immédiate du Théâtre de Marcellus : un temple à Bellone, la déesse de la guerre, et un temple dédié à l’Apollon médecin, le seul clairement visible aujourd’hui, facilement identifiable grâce à trois colonnes remontées en 1940. Il ne s’agit pas de l’état le plus ancien du temple, mais de la reconstruction effectuée au Ier siècle av. J.-C. par un lieutenant de Marc Antoine, du nom de Sosius, d’où la désignation de Sosianus donnée par la suite à ce temple.
A cet endroit existait déjà au milieu du Ve siècle av. J.-C. un autel dédié à Apollon (Tite Live 3, 54, 15), dans une zone vierge de constructions importantes, entre l’emplacement du futur Cirque Flaminius et le Capitole. Cette zone s’appelait les prata flaminia, les prés Flaminiens. On décida de construire un premier temple à l’emplacement de l’autel suite à une épidémie (une pestilentia) en 443 av. J.-C., « pour la santé du peuple » (pro ualetudine populi, Tite-Live, Histoire romaine, 3, 63, 7). Ce temple fut consacré en 431 av. J.-C. à l’Apollo medicus, c’est-à-dire l’Apollon médecin des Grecs arrivé à Rome par l’intermédiaire des Grecs du sud de l’Italie. Pendant longtemps ce temple fut le seul dédié à Apollon à Rome. Après la construction du Cirque Flaminius , on l’appelait parfois le temple d’Apollon in Circo. Ce viel édifice républicain fut reconstruit à ses frais par un ancien gouverneur de Syrie, C. Sosius, en 34-33 av. J.-C. Sosius était un partisan d’Antoine, donc un adversaire d’Octave, et son projet venait en quelque sorte contrebalancer la décision d’Octave d’élever sur le Palatin un autre temple à Apollon (voué par Octavien en 36 av. J.-C. durant la campagne contre Sextus Pompée, voué une deuxième fois avant la bataille d’Actium en 31, mais les travaux avaient débuté en 36). Sosius et Octave se réconcilieront par la suite. Il faut dire que ce temple était important pour la famille d’Octave car, d’après Suétone et Cassius Dion, Atia, la mère d’Octave, s’était fait portée une nuit en litière à l’intérieur de l’ancien temple à l’occasion d’une cérémonie religieuse (en 63 av. J.-C.). Elle s’y endormit et fut visitée par un serpent pendant la nuit. A partir de là elle porta une tâche sur son corps qui avait la forme d’un serpent et ne put jamais la faire disparaître. Neuf mois après naquit Octave (Suétone, Auguste, 94, 4).
Le nouveau temple à l’Apollon medicus fut légèrement décalé en arrière par rapport à l’ancien pour laisser plus de place à la construction du théâtre de Marcellus. Les parties restaurées permettent d’avoir une idée de la hauteur du podium, de la délicatesse des bases et de l’originalité des cannelures des colonnes (marbre de Carrare) : alternance de cannelures larges et de cannelures étroites. Nous sommes à une époque charnière de l’architecture publique romaine qui commence à être de plus en plus luxueuse. Sur la frise alternent bucranes et guirlandes. Une partie de la décoration du fronton a pu être reconstituée. Elle était composée de sculptures grecques originales du Ve siècle av. J.-C. figurant une amazonomachie, la lutte mythique entre les Grecs et les Amazones. Ce qui est étonnant, c’est qu’à cause du manque de recul, cette décoration n’était visible que de la galerie du premier étage du théâtre de Marcellus. Une partie de la modénature et des éléments d’architecture sont encore conservés aujourd’hui au Musée de la Centrale Montemartini. En outre un petit espace d’exposition aménagé dans une cour à l’arrière du temple et accessible par la via Montanara permet de voir d’autres fragments de la décoration du temple d’Apollon et du théâtre de Marcellus.