La Colonne de Trajan se trouve sur le Forum éponyme et sa fonction est quadruple : 1. elle sert de tombeau pour Trajan, 2. elle raconte les guerres que cet Empereur a menées contre les Daces, 3. elle marque la hauteur de terre excavée pour construire le forum de Trajan, 4. c’est aussi un piaculum, pour expier la destruction des édifices construits sur l’ancienne colline.
Située entre les deux Bibliothèques du Forum de Trajan , la Colonne Trajane nous apparaît aujourd’hui admirablement conservée. Construite entre 107 et 113 ap. J.-C., date à laquelle elle fut inaugurée, elle s’élevait, avec la base, à une hauteur de 39,83 m et racontait en images les guerres daciques dont l’empereur Trajan sortit vainqueur. La Colonne Trajane est composée d’un piédestal rectangulaire, orné d’armes, de trophées et de Victoires et de 23 spires en marbre où sont disposés les bas-reliefs qui étaient peints à l’origine. Le fût mesure 29,78 m de haut. Sur le socle une inscription dédicatoire nous rappelle que la hauteur de la colonne, sans compter la statue, correspond à celle de la colline qui fut aplanie pour permettre la construction :
SENATVS POPVLVSQVE ROMANVS / IMP(eratori) . CAESARI . DIVI .
NERVAE . F(ilio) . NERVAE / TRAIANO . AVG(usto) . GERM(anico) . DACICO .
PONTIF(ici) / MAXIMO . TRIB(unicia) . POT(estate) XVII . IMP(eratori) VI .
CO(n)S(uli) VI . P(atri) . P(atriae) / AD . DECLARANDVM . QVANTAE .
ALTITUDINIS / MONS . ET . LOCVS . TANT(is . oper)IBVS . SIT . EGESTVS
“Le Sénat et le peuple romain à l’empereur César Nerva Trajan Auguste, fils du divin Nerva, Germanique, Dacique, grand pontife, investi pour la dix-septième fois de la puissance tribunicienne, acclamé empereur pour la sixième fois, père de la patrie. Pour indiquer à quelle hauteur s’élevait la colline qui fut détruite par les travaux.”
Les spirales de la colonne, dont le développement formerait un ruban d’une longueur d’environ 200 m, racontent les épisodes des deux guerres de Trajan contre les Daces. Les deux campagnes militaires, celle de 101-102 ap. J.-C. et celle de 105-106 ap. J.-C., illustrées sur la colonne, sont séparées par une victoire ailée. Impressionnante par sa taille, la colonne l’est aussi par la densité des illustrations : il y a en effet plus de cent scènes, plus de 2 500 personnages et l’empereur Trajan lui-même est représenté plus de 60 fois. De façon synthétique, le récit se déroule ainsi :
Première campagne, l’armée romaine prépare ses campements et passe le Danube sur un pont de bateaux, inauguration de la ville – camp avec les Daces – ambassades de Trajan – seconde campagne : nouvelle expédition au-delà du Danube – charge de la cavalerie menée par Trajan – soumission et sacrifice des prisonniers – autre bataille et fuite des Daces – soumission des chefs ennemis ; troisième campagne : passage du Danube – avance à travers les forêts et les fortifications ennemies – les Daces reculent – construction de nouveaux fortins – assaut avec la tortue d’une forteresse ennemie – bataille et soumission de Décébale roi des Daces – les Daces détruisent leurs fortifications – fuite de vieillards, de femmes et d’enfants – Trajan harangue les troupes victorieuses – la Victoire écrit sur le bouclier (fin de la première guerre contre les Daces) – Départ du port d’Ancône pour la seconde guerre (105 ap. J.C.) – passage triomphal dans les villes italiennes – arrivée sur le champ de bataille – attaques des Daces – arrivée de Trajan avec la cavalerie – construction du pont sur le Danube par Apollodore de Damas – soumission des chefs Daces dans une ville de l’empire – l’armée repasse le fleuve – attaque avec des machines de guerre à Sarmigetusa capitale de la Dacie – les Daces incendient leur ville pour ne pas la donner aux Romains – des chefs Daces se suicident par le poison – les Romains entrent dans Sarmigetuse – ultime résistance et contre-attaques guidées par Décébale – nouvelles défaites – la cavalerie suit l’ennemi et son roi – suicide de Décébale – capture des fils du roi et d’autres ennemis – déportation des vieillards, des femmes et des enfants avec leurs troupeaux.
Le diamètre n’est pas égal tout le long de la colonne : il varie de 3,65 m à 3,85 m. Le renflement aux 2/3 de sa hauteur permet ainsi d’éviter l’illusion de concavité. La colonne est percée de fenêtres, peu visibles de l’extérieur, ce qui révèle tout l’art du sculpteur. La colonne servait aussi de tombeau à l’empereur : dans la niche intérieure du soubassement se trouvait en effet l’urne d’or contenant les cendres de Trajan. Elle fut violée par les Wisigoths. Un escalier en colimaçon, auquel on accède par une porte située sur l’un des côtés de la base, monte à l’intérieur de la colonne et permet d’accéder au sommet, jadis couronné de la statue en bronze doré de Trajan. En 1587 le pape Sixte-Quint la fit remplacer par celle de Saint-Pierre que l’on voit aujourd’hui. Ce monument est d’un grand intérêt historique car il nous renseigne par la précision des détails et la finesse de l’exécution sur la technique militaire des Romains.