
Cenatio Rotunda
La cenatio rotunda est une salle à manger tournante, mue par une roue hydraulique, conçue par les ingénieurs de Néron pour sa « Maison dorée »
Dans la Domus Aurea, l’immense palais que Néron se fit bâtir, « la principale salle à manger était ronde et elle tournait jour et nuit sur elle-même en imitant le mouvement de la voûte céleste ». Cette brève et unique description rédigée par Suétone de ce qu’il est convenu d’appeler la Cenatio Rotunda a longtemps interrogé les chercheurs. Diverses localisations en ont été proposées mais, en 2009, une équipe franco-italienne dirigée par Françoise Villedieu fit une découverte exceptionnelle à l’angle nord-est du Palatin. Une structure datant de l’époque néronienne était dissimulée dans le sol d’une terrasse artificielle et, à mesure de l’avancée de la fouille, tout semblait indiquer qu’il s’agissait de la fameuse salle à manger tournante. Extérieurement elle devait se présenter sous la forme d’une tour ronde à deux niveaux. Le niveau inférieur était destiné à la machinerie, l’espace supérieur à la salle à manger proprement dite.
Suétone, Néron, 31
Français
(1) Ce fut surtout dans ses constructions qu’il se montra dissipateur. Il étendit son palais depuis le mont Palatin jusqu’aux Esquilies. Il l’appela d’abord « le Passage ». Mais, le feu l’ayant consumé, il le rebâtit, et l’appela « la Maison dorée ». Pour en faire connaître l’étendue et la magnificence, il suffira de dire (2) que, dans le vestibule, la statue colossale de Néron s’élevait de cent vingt pieds de haut; que les portiques à trois rangs de colonnes avaient un mille de longueur; qu’il renfermait une pièce d’eau, semblable à une mer bordée d’édifices qui paraissaient former autant de villes; qu’on y voyait des champs de blé, des vignobles, des pâturages, des forêts peuplées de troupeaux et d’animaux sauvages de toute espèce.
(3) Dans les diverses parties de l’édifice, tout était doré et enrichi de pierreries et de coquillages à grosses perles. Les salles à manger avaient pour plafonds des tablettes d’ivoire mobiles, qui, par différents tuyaux, répandaient sur les convives des parfums et des fleurs. La principale pièce était ronde, et jour et nuit elle tournait sans relâche pour imiter le mouvement du monde. Les bains étaient alimentés par les eaux de la mer et par celles d’Albula.
(4) Lorsque après l’avoir achevé, Néron inaugura son palais, tout l’éloge qu’il en fit se réduisit à ces mots: « Je commence enfin à être logé comme un homme. »
(5) Il voulut construire un bain couvert depuis Misène jusqu’au lac Averne, l’entourer de portiques, et y faire entrer toutes les eaux thermales de Baïes. Il commença aussi un canal, depuis l’Averne jusqu’à Ostie, dans un espace de cent soixante milles, pour dispenser d’aller par mer. Ce canal devait avoir une telle largeur que deux galères à cinq rangs de rames pussent s’y croiser.
(6) Pour achever de pareils ouvrages, il fit transporter en Italie tous les détenus, et ordonna que les criminels ne fussent condamnés qu’aux travaux.
Latin
(1) Non in alia re tamen damnosior quam in aedificando domum a Palatio Esquilias usque fecit, quam primo transitoriam, mox incendio absumptam restitutamque auream nominauit. De cuius spatio atque cultu suffecerit haec rettulisse.
(2) Vestibulum eius fuit, in quo colossus CXX pedum staret ipsius effigie; tanta laxitas, ut porticus triplices miliarias haberet; item stagnum maris instar, circumsaeptum aedificiis ad urbium speciem; rura insuper aruis atque uinetis et pascuis siluisque uaria, cum multitudine omnis generis pecudum ac ferarum.
(3) In ceteris partibus cuncta auro lita, distincta gemmis unionumque conchis erant; cenationes laqueatae tabulis eburneis uersatilibus, ut flores, fistulatis, ut unguenta desuper spargerentur; praecipua cenationum rotunda, quae perpetuo diebus ac noctibus uice mundi circumageretur; balineae marinis et albulis fluentes aquis. eius modi domum cum absolutam dedicaret, hactenus comprobauit, ut se diceret quasi hominem tandem habitare coepisse.
(5) Praeterea incohabat piscinam a Miseno ad Auernum lacum contectam porticibusque conclusam, quo quidquid totis Bais calidarum aquarum esset conuerteretur; fossam ab Auerno Ostiam usque, ut nauibus nec tamen mari iretur, longitudinis per centum sexaginta milia, latitudinis, qua contrariae quinqueremes commearent.
(6) Quorum operum perficiendorum gratia quod ubique esset custodiae in Italiam deportari, etiam scelere conuictos non nisi ad opus damnari praeceperat.