L’île Tibérine se trouve face au Forum Boarium et, dans l’Antiquité, elle était principalement occupée par le temple d’Esculape.
Une légende raconte que l’île Tibérine fut formée lors de l’expulsion du dernier roi, Tarquin le Superbe (509 av. J.-C.), par les moissons provenant du Champ de Mars que le peuple jeta dans le Tibre. L’île était reliée à la terre ferme par deux ponts : le Pont Cestius et le pont Fabricius. Elle comptait plusieurs temples dédiés à diverses divinités, mais le plus important était celui d’Esculape qui est l’édifice le plus ancien de l’île. En 293 av. J.-C., Rome était ravagée par une épidémie de peste. Devant l’ampleur du fléau et après avoir consulté les Livres Sibyllins, une ambassade se rendit à Epidaure, en Argolide, pour invoquer l’aide d’une divinité étrangère : l’Asklépios grec, père et protecteur de l’art médical. La trirème romaine revint avec un serpent sacré, symbole du dieu Esculape. Celui-ci quitta le navire et gagna l’île Tibérine où il disparut, montrant ainsi l’endroit où le dieu de la médecine avait l’intention de fixer sa demeure. Ce culte, apporté à Rome en 291 av. J.-C., montre l’influence du monde hellénique. L’île garda le souvenir de cet événement. On dit aussi que sa forme épousait celle du navire qui amena d’Epidaure Esculape, le dieu de la médecine. Pour rappeler le voyage de la trirème et pour souligner davantage la ressemblance, on lui donna artificiellement la forme d’un vaisseau : l’extrémité méridionale fut sculptée en forme de proue de navire (il reste des vestiges importants de cette décoration) et au centre de l’île un obélisque figurait le mât du navire. Le Temple d’Esculape, entouré de portiques qui recevaient les pèlerins malades, donna à l’île son caractère sacré car on attribuait au dieu de la médecine des guérisons miraculeuses. Les diverses inscriptions ainsi que les ex-voto et les dédicaces à la divinité qui ont été retrouvés sur l’île en conservent le souvenir et témoignent de la reconnaissance accordée au dieu. Les inscriptions de l’époque républicaine trouvées dans l’île sont presque toutes religieuses. Restauré sous l’Empire, le temple fut fermé par les chrétiens, puis détruit : son emplacement correspond à celui de l’église San Bartolomeo all’Isola. Il reste d’ailleurs peu de vestiges dans l’île Tibérine.