Retour à l'accueil

Temple d’Isis (Champ de Mars)

Plan de situation dans Rome de Temple d’Isis (Champ de Mars).

Le temple d’Isis sur le Champ de Mars est un bon exemple du syncrétisme de la religion romaine, qui accueille les divinités étrangères.

Le temple d’Isis du Champ de Mars s’insère dans un ensemble monumental qui porte le nom d’Iseum. L’allée qui mène au temple d’Isis s’apparente à un dromos, une allée bordée de sphinx tels qu’on en trouve en Égypte. Elle était probablement bordée à la fois de sphinx et de lions. Tous les éléments présents dans l’Iseum ne sont pas réellement égyptiens, au sens qu’ils n’ont pas été importés d’Égypte. Certaines des statues de style égyptien présentes dans l’Iseum ont été façonnées en Italie, par les Romains eux-mêmes, qui préfèrent les créer plutôt que d’aller chercher des objets originaux car il est très couteux de faire venir des artéfacts d’Egypte. Le voyage est long, incertain, et par certains aspects dangereux. Or la demande d’objets égyptiens est forte à Rome : les riches aristocrates en sont friands pour décorer leurs maisons. Un marché est donc apparu et certains artisans locaux s’en sont emparés. Quand on regarde l’architecture de l’Iseum en détail, par exemple les célèbres colonnes en granite gris, on constate d’abord une volonté de reproduire l’artisanat égyptien en utilisant les mêmes techniques et les mêmes matériaux. Les architectes sont par exemple allés chercher un granite de l’île d’Elbe, très proche dans sa couleur des granites égyptiens. Ils ont aussi rétréci le bas de colonnes, comme les Égyptiens. Mais certains des reliefs sculptés au bas des colonnes sont spécifiquement romains, même si les représentations de profils sont très connotées égyptiennes. Quelques-unes de ces colonnes sont encore visibles aujourd’hui au musée du Capitole et nous permettent de voir les spécificités romaines. Les personnages sont tout d’abord représentés avec des couronnes sur la tête alors qu’en Égypte, ils portent plutôt des rubans. Ensuite, certains arborent des châles par-dessus leurs tuniques, ce qui n’est pas habituel dans l’art égyptien. L’analyse pétrographique réalisée sur les colonnes montrent qu’elles ne remontent pas au-delà du Ier siècle ap. J.-C. Elles datent donc de la reconstruction du temple d’Isis sous Domitien.

Il ne reste rien aujourd’hui du temple d’Isis en lui-même. Deux émissions monétaires nous renseignent toutefois sur sa forme. En 71, à l’époque de Vespasien, l’édifice portait un fronton en forme de demi-cercle. Il fut détruit par un incendie qui ravagea une partie de Rome en 80 ap. J.-C. D’après une autre monnaie, Domitien a ensuite reconstruit le temple d’Isis avec un toit plat, en forme de terrasse.

Photo de la maquette réalisée par P.Bigot.Cliché Ch.Morineau
Photo de Rome aujourd'hui.Via del Pie di Marmo à l’emplacement du dromos du temple d’IsisVia del Pie di Marmo à l’emplacement du dromos du temple d’Isis - Cliché Ph. Fleury
Photo de Rome aujourd'hui.Obélisque provenant du temple d’Isis (aujourd’hui piazza della Minerva)Obélisque provenant du temple d’Isis (aujourd’hui piazza della Minerva) - Cliché Ph. Fleury
Photo de Rome aujourd'hui.Lion provenant du temple d’Isis (aujourd’hui sur les escaliers d’accès au Capitole)Lion provenant du temple d’Isis (aujourd’hui sur les escaliers d’accès au Capitole) - Cliché S. Madeleine
Photo de Rome aujourd'hui.Lion provenant du temple d’Isis (aujourd’hui aux Musées du Vatican)Lion provenant du temple d’Isis (aujourd’hui aux Musées du Vatican) - Cliché S. Madeleine
Photo de Rome aujourd'hui.Pomme de pin provenant du temple d’Isis (aujourd’hui aux Musées du Vatican)Pomme de pin provenant du temple d’Isis (aujourd’hui aux Musées du Vatican) - Cliché S. Madeleine
Image de restitution virtuelle.(Documentation : N. Gautier, Ph. Fleury et S. Madeleine – Infographie : A. Tillier, C. Morineau, N. Lefèvre, 2018)
Image de restitution virtuelle.(Documentation : N. Gautier, Ph. Fleury et S. Madeleine – Infographie : A. Tillier, C. Morineau, N. Lefèvre, 2018)
Image de restitution virtuelle.(Documentation : N. Gautier, Ph. Fleury et S. Madeleine – Infographie : A. Tillier, C. Morineau, N. Lefèvre, 2018)
Image de restitution virtuelle.Temple De Serapis sur le Champ de Mars, juste à côté du temple d’Isis - (Documentation : N. Gautier, Ph. Fleury et S. Madeleine – Infographie : A. Tillier, C. Morineau, N. Lefèvre, 2018)
Alfano C., « L’Iseo Campense in Roma: Relazione preliminare sui nuovi ritrovamenti », dans Bonacasa N. (éd.), L’Egitto in Italia: dall’antichità al Medioevo : atti del 3. Congresso internazionale italo-egiziano, Roma, CNR-Pompei, 13- 19 novembre 1995, Rome, Consiglio nazionale delle ricerche, 1998, p.  177‑206.
Alfano C., « Nuovi dati sul perimetro e sul recinto esterno dell’Iseo-Sarapeo di Campo Marzio in Roma », dans Sesto Congresso internazionale di egittologia: atti. Volume I, Turin, International Association of Egyptologists, 1992, p.  11‑21.
Bommas M., « Temples for Egyptian gods within an urban landscape : the Roman Iseum Campense and the Red Hall of Pergamon as case studies », dans Kaizer T., Leone A., Thomas E. et Witcher R. (éds.), Cities and gods: religious space in transition, Leuven, Peeters, 2013, p.  59‑68.
Bongrani L., « Le colonne « celate » dell’Iseo-Serapeo Campense: i risultati di alcuni studi », dans Sesto Congresso internazionale di egittologia: atti. Volume I, Turin, International Association of Egyptologists, 1992, p.  67‑73.
Bricault L., « Isis à Rome », dans Alexandrie la divine. Ed. Méla, Charles, Möri, Frédéric, Aufrère, Sydney H., Dorival, Gilles & Le Boulluec, Alain, Genève, Éd. de la Baconnière, 2014, p.  452‑457.
Bricault L., Atlas de la diffusion des cultes isiaques (IVe s. av. J.-C.-IVe s. apr. J.-C.), Paris, De Boccard (Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres), 2001.
Coarelli F., Il Campo Marzio : dalle origini alla fine della Repubblica, Rome, Quasar, 1997.
Coarelli F., « Delta. Cesare, Iside e il Nilo del Campo Marzio », dans Picozzi M.G. et Carinci F. (éds.), Studi in memoria di Lucia Guerrini, Rome, « L’Erma » di Bretschneider, 1996, p.  191‑195.
Coarelli F., Initia Isidis : l’ingresso dei culti egiziani a Roma e nel Lazio, Agorà & Co (Speaking souls), 2019.
Ensoli S., « I santuari isiaci a Roma e i contesti non cultuali: religione pubblica, devozioni private e impiego ideologico del culto », dans Arslan E.A. (éd.), Iside: il mito il mistero la magia :, Milan, Electa, 1997, p.  306‑321.
Ensoli S., « L’Iseo e Serapeo del Campo Marzio con Domiziano, Adriano e i Severi: l’assetto monumentale e il culto legato con l’ideologia e la politica imperiali », dans Bonacasa N. (éd.), L’Egitto in Italia: dall’antichità al Medioevo : atti del 3. Congresso internazionale italo-egiziano, Roma, CNR-Pompei, 13- 19 novembre 1995, Rome, Consiglio nazionale delle ricerche, 1998.
Ensoli S. et La Rocca E. (éds.), « I santuari di Iside e Serapide a Roma e la resistenza pagana in età tardoantica », dans Ensoli S. et La Rocca E. (éds.), Aurea Roma: dalla città pagana alla città cristiana, Rome, L’Erma di Bretschneider, 2000, p.  267‑287.
Francocci S., « L’Iseum et le Serapeum du Champ de Mars : remarques sur les monuments égyptiens », Cahiers de la MRSH de Caen, vol. 41, 2005, p.  187‑200.
Gatti G., « Topografia dell’ Iseo Campense », Rendiconti : Atti della Pontificia Accademia Romana di Archeologia, vol. 20, 1944 1943, p.  117‑163.
Kleibl K., Iseion, Raumgestaltung und Kultpraxis in den Heiligtümern gräco-ägyptischer Götter im Mittelmeerrraum, Worms, Wernesche Verlaggsellschaft, 2009.
Lanciani R., Schiaparelli E., Barracco G. et Marucchi O., Le Recenti scoperte dell’Iseo Campense descritte ed illustrate, Rome, coi tipi del Salviucci, 1883, 102 p.
Lembke K., Das Iseum Campense in Rom: Studie über den Isiskult unter Domitian, Heidelberg, Verlag Archäologie und Geschichte, 1994, 271 p.
Mazzuca V., « I santuari isiaci di età repubblicana a Roma, l’Iseo Capitolino, l’Iseo Metellino e l’Iseo della Regio III: rilettura delle fonti scritte e archeologiche. Nuove riflessioni », Bullettino della Commissione Archeologica Comunale di Roma, vol. 115, 2014, p.  25‑46.
Roullet A., The Egyptian and Egyptianizing monuments of imperial Rome: with 230 plates and 5 folding plans, Leyde, E. J. Brill, 1972, 184 p.
Vendries C., « Les musiciens figurés sur les colonnes de l’Iseum du Champ de Mars : une image fidèle de la musique égyptienne ? », Cahiers de la MRSH de Caen, vol. 41, 2005, p.  385‑400.
Versluys M.J., « The Sanctuary of Isis on the Campus Martius in Rome », Bulletin antieke beschaving: Annual Papers on Classical Archaeology, vol. 72, 1997, p.  159‑169.
Versluys M.J., Bülow Clausen K. et Capriotti Vittozzi G. (éds.), The Iseum Campense from the roman empire to the modern age: temple, monument, lieu de mémoire, Rome, Quasar, 2018, 375 p.